Méthode de tirages
Les deux méthodes traditionnelles consistent à utiliser 3 pièces de monnaie ou 50 baguettes d’achillée. La technique des pièces est plus rapide, donc plus expéditive, celle des baguettes requiert plus de temps – lenteur qui a pour avantage de permettre plus d’attention et de présence. Voici comment procéder avec les pièces.
La méthode des pièces
On utilise trois pièces d’une monnaie de son choix – d’anciennes pièces chinoises si on en a à disposition mais n’importe quelles pièces font l’affaire. On commence par établir une convention que l’on respectera une fois pour toutes : un côté de la pièce doit correspondre à Yin, l’autre à Yang. Certains choisissent pour le Yin le côté face, où est souvent représentée une figure féminine, et le côté chiffré pour le Yang, d’autres adoptent la convention contraire, préférant l’assonance pile Yin – face Yang : pas de préséance en la matière, il suffit de respecter la règle que l’on se donne. La valeur numérique associée à chacune des deux polarités est par contre invariable : au Yin correspond le pair, au Yang correspond l’impair.
Yin = 2
Yang = 3
Il suffit dès lors de jeter ensemble les trois pièces comme on lance des dés, de transcrire les Yin et Yang obtenus dans leur valeur numérique et d’additionner. On note le résultat et on recommence l’opération six fois de suite, de façon à obtenir six traits. L’hexagramme s’écrit toujours de bas en haut : le nombre obtenu lors du premier jet permet d’écrire le premier trait, qui occupe la place inférieure, le deuxième jet correspond au second trait, que l’on trace au-dessus du premier, et ainsi de suite jusqu’au 6ème qui occupe donc la position supérieure. Les nombres obtenus lorsque l’on additionne les chiffres après chaque lancer de pièces peuvent être de quatre sortes : 6, 7, 8 ou 9, chacun de ces nombres correspondant à un type
de trait :
Les six jets successifs permettent ainsi d’écrire une superposition de six traits Yin ou Yang : que l’on appelle l’hexagramme tiré. On recherche son numéro dans le tableau où tous les hexagrammes sont classés à partir de leur division en trigrammes (voir ci-dessous). Parmi les textes associés à cet hexagramme, on lit le Jugement, appréciation globale de la figure, et la Grande Image, exemple de l’attitude à observer en la circonstance. On lit également, dans le Texte des traits, les textes correspondant aux traits mutants si on en a obtenus, et uniquement ceux-ci ; ils sont aisés à repérer puisque, d’une part, il ne peut s’agir que de six ou de neuf et que, d’autre part, chacun des six traits commence toujours par une formule de même
type : au début un neuf, un six à la deuxième place, etc.
Au cas où le résultat du tirage comprenne des traits mutants, on écrit à côté de l’hexagramme tiré une seconde figure, appelée hexagramme de mutation ou de perspective : on reprend les traits obtenus lors du tirage en remplaçant les traits mutants par des traits de polarité inverse : le vieux Yin est remplacé par un jeune Yang, le vieux Yang est remplacé par un jeune Yin, les traits stables gardent la même polarité que dans l’hexagramme tiré. On ne lira dans l’hexagramme de mutation que les textes concernant l’hexagramme dans sa globalité : Jugement et Grande Image.
La méthode des baguettes
L’utilisation des 50 tiges d’achillée est la technique chinoise traditionnelle – on en trouve d’ailleurs des traces dans le texte du Yi Jing, notamment au Jugement de l’hexagramme 8. Bien que l’achilléa millefolium soit une plante aussi répandue dans les campagnes d’Occident que de Chine, on peut se servir de n’importe quelles baguettes de bois, par exemple des tiges de bambou qui se trouvent plus facilement et font aussi bien l’affaire.
Après s’être assuré du nombre de tiges et pris le temps de s’apaiser, on retire une baguette du tas posé devant soi et on la place à part : elle n’interviendra plus à aucun moment du tirage – elle symbolise le niveau où la répartition en Yin et Yang n’est pas effective, le stade où tout est mêlé dans une unité non différenciée. Trois partages vont être ensuite nécessaires pour déterminer le premier trait.
Les 49 baguettes restantes sont partagées en deux tas que l’on dispose devant soi. On retire une baguette du tas de droite, que l’on place entre l’auriculaire et l’annulaire de la main gauche ; on prend ensuite le tas de gauche dans la main gauche et on décompte de la main droite les tiges quatre par quatre jusqu’à ce qu’il ne reste plus que quatre baguettes ou moins (c’est à dire 4, 3, 2 ou une) ; on place ce reste entre l’annulaire et le majeur de la main gauche ; on prend ensuite le tas de droite dans la main gauche et on décompte de même les tiges quatre par quatre jusqu’à ne garder que quatre baguettes ou moins ; ce reste est placé entre le majeur et l’index de la main gauche. Toutes les tiges placées entre les doigts sont alors regroupées en un petit tas qui est mis momentanément de côté – leur total à ce stade ne peut être que de 5 ou 9.
Les baguettes restantes sont ensuite rassemblées, puis partagées à nouveau en deux tas. On procède au décompte de la même manière que précédemment : on retire une baguette du tas de droite, que l’on place entre l’annulaire et l’auriculaire de la main gauche, etc. Les restes sont là encore réunis et mis de côté – leur total ne peut être cette fois que de 4 ou 8. On rassemble les tiges restantes et on procède de même à un troisième partage, suivi d’un décompte qui doit également aboutir à un 4 ou un 8. Si l’on n’obtient pas ces résultats, il est préférable de revenir en arrière et de reprendre les opérations.
La somme des trois restes mis de côté permet de déterminer la valeur Yin ou Yang du premier trait, et son aspect naissant ou mutant . Les différentes possibilités sont les suivantes :
La procédure complète doit être effectuée en tout six fois. On recommence donc depuis le début : trois partages successifs selon la même technique pour calculer le second trait, que l’on écrira au-dessus du premier, et ainsi de suite jusqu’au sixième. On peut ne procéder à la transcription des chiffres en traits qu’à la toute fin, de manière à rester concentré sur le tirage en cours. Une fois écrits les six traits de l’hexagramme tiré, on écrit également l’hexagramme de mutation en conservant les traits stables et transformant les traits mutants en leur contraire, comme indiqué dans la méthode des pièces. On se réfère ensuite au tableau permettant de trouver les numéros des hexagrammes obtenus.