MARCHE A SUIVRE POUR L‘ANALYSE ET L’INTERPRETATION D’UN TIRAGE
Obtenir des indications générales sur la situation qui prévaut,
sur les tendances qui lui sont propres
et sur les lignes de force de son évolution probable.
J.F. Billeter
La compréhension d’un tirage passe par la connaissance de quelques éléments de base. Il est toujours bon de commencer par prendre un temps d’observation des figures obtenues : les traits constituant les hexagrammes ne proviennent-ils pas des tracés et lignes énergétiques que les anciens apprenaient à décrypter ? Noter la prédominance de traits Yin ou Yang, leur agencement, remarquer l’éventuelle forme caractéristique d’un hexagramme, ce langage-là a l’avantage d’être simple et praticable par tout un chacun.
Le mieux est ensuite de considérer les trigrammes : leurs qualités, leurs mouvements, leur symbolique, les éléments naturels auxquels ils sont associés, et de consulter le texte de la Grande Image qui est, comme on l’a vu, construit en référence aux trigrammes. Le conseil donné dans ce texte n’est pas à prendre au pied de la lettre, mais il fournit une idée générale de l’atmosphère qui préside à la rencontre des forces à l’œuvre.
On devra se référer à des définitions générales des hexagrammes obtenus, dont le sens permettra de voir dans quel registre énergétique se situe la question étudiée – il existe de bons ouvrages pour cela, voir la page bibliographie. Après avoir également pris connaissance des autres textes relatifs au tirage, Jugements et Traits, on pourra poursuivre ses investigations en examinant les éléments définis ci-dessous :
- Hiérarchie des places : c’est l’un des paramètres essentiels de l’hexagramme. Les six places ne sont pas équivalentes, elles se répartissent selon une hiérarchie qui est aussi une indication sur l’évolution de la problématique décrite. Lors d’un tirage, un trait mutant n’a pas la même valeur selon qu’il se situe à tel ou tel niveau de l’hexagramme. Les places se répartissent comme suit :
- Entrée : le premier trait est le stade de la découverte, donc souvent plein de fougue mais très immature. Il est rarement un moment d’initiative, encore moins de décision, et les conseils de prudence ou de modération ne sont pas rares dans les textes associés à ce niveau.
- Préfet : il est avant tout un fonctionnaire, donc un serviteur qui obéit au souverain. Stade de regroupement des énergies en fonction d’un projet où d’une tâche à accomplir, c’est l’intérieur de la situation, donc une phase de gestion discrète, mais efficace, et d’adaptabilité.
- Passage : le troisième trait est dans une position instable. Situé à la jonction du haut et du bas, il n’est pas un lieu où la maîtrise est déjà suffisante pour en assumer la rencontre, l’expérience ou la connaissance faisant généralement défaut. Les déconvenues sont fréquentes et les mentions néfastes aussi.
- Ministre : le Ministre, bien que dans une position plus élevée que le Préfet, est aussi un serviteur du Souverain. Place également incertaine, car située prêt de son supérieur hiérarchique, et parfois en meilleure position que lui. Elle marque cependant un stade déjà très avancé dans le déroulement de la situation.
- Souverain : la cinquième place est le niveau de la maîtrise, où on a en quelque sorte les cartes en main. Elle marque le degré le plus accompli de la situation, qui est généralement envisagée de façon positive. C’est autour du souverain que s’articulent les autres forces de l’hexagramme, notamment celles de Préfet et de Ministre. Les formules mantiques associées aux cinquièmes traits sont dans la plupart des cas favorables.
- Sortie : c’est le point d’achèvement et de retombée de la situation. Il est rare que l’on puisse encore intervenir directement à ce niveau, qui est plutôt celui d’un parachèvement ou d’un bilan, d’ailleurs douloureux dans près de deux cas sur trois. Il peut également décrire l’attitude permettant de préparer une transition.
- Hexagramme dérivé : c’est un élément important qui concerne l’approfondissement du sens des traits mutants. C’est l’hexagramme obtenu par simple mutation d’un trait résultant d’un 6 ou d’un 9 : le vieux Yin est transformé en trait Yang, le vieux Yang est transformé en trait Yin, ce qui génère un nouvel hexagramme, dont le sens apporte un éclairage supplémentaire sur le sens de la ligne. L’addition des différents hexagrammes dérivés produit l’hexagramme de mutation, obtenu quant à lui par la dérivation simultanée de tous les traits mutants. Lorsqu’il n’y a qu’un seul trait mutant dans un tirage, dérivé et muté forment un seul et même hexagramme.
- Hexagramme opposé : on l’écrit en remplaçant tous les traits de l’hexagramme par un trait de nature contraire, les traits Yin étant remplacés par des traits Yang et inversement – ceci sans tenir compte des traits mutants. L’hexagramme opposé permet de comprendre ce que la situation n’est pas, donc d’éliminer un certain nombre de possibilités et ainsi de mieux situer la réponse obtenue.
- Hexagramme nucléaire : on l’écrit en utilisant uniquement les quatre traits centraux de l’hexagramme. On en extrait les traits 2, 3 et 4, qui forment le trigramme du bas d’un nouvel hexagramme, et on lui superpose un autre trigramme constitué des traits 3, 4 et 5. La figure résultante, créée à partir du noyau de l’hexagramme, renseigne sur les forces à l’œuvre au cœur de la situation. Les 64 figures peuvent être regroupées par familles nucléaires de quatre hexagrammes ayant le même “cœur“ – ils se différencient alors par leur enveloppe, constituée des premier et dernier traits. Il est toujours intéressant de prendre en considération le sens général de la famille à laquelle l’hexagramme considéré appartient.